Les causes de cette crise sont multiples, le fait qu’on en parle dans de nombreux pays de l’UE, et notamment dans ceux qui affichent des taux de croissance notables reflète l’écart entre la transformation démographique et l’adéquation de l’urbanisme de la cité industrielle. Les explications pour le manque de logements à bas prix se ressemblent: les prix des terrains et ceux de la construction, le manque de logements sociaux, trop peu d’investissement privé dans le logement. Parmi les causes évidentes figurent aussi la transformation de la structure familiale et la longévité…, cause prévisible et calculable pourtant.
L’évolution du logement au cours de la période d’industrialisation a subi plusieurs changements de paradigme. Les temps où l’industriel se chargeait du logement de ses travailleurs sont loin – presque oubliés dans le débat. Restent les témoins: cités de petits pavillons jumelés avec jardinet, immeubles à grande mixité, parfois même construits par des architectes réputés. L’industrie sidérurgique en donnait l’exemple, mais aussi d’autres sociétés. Ainsi le fabriquant de chaussures Bata créait auprès de toutes ses centrales les immeubles pour loger sa main-d’œuvre. Et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. Il en résultait même un urbanisme bien adapté, le logement se trouvait proche du lieu de travail.
Une fois transféré aux pouvoirs publics on constate l’explosion des grandes villes, la ghettoïsation de populations immigrées, la construction de HLM, démolis pour insalubrité quelques décennies plus tard.
L’habitat social a connu ses heures de gloire avec les constructions bon marché, à faible confort pour le locataire, à risque, selon les populations entassées à l’abord des villes. Le logement – c’est aussi un choix de société.
Si dès à présent les communes sont sous pression avec l’obligation de mettre à disposition des logements locatifs, le développement urbanistique devrait être un souci majeur. L’urgence est en l’occurrence un mauvais conseiller.
Le risque de désintégrer davantage les villes et les villages, ne parlons même pas de la qualité de l’architecture, est évident lorsque le logement n’est pas conçu avec l’ensemble des fonctions nécessaires à créer la communauté: moyens de transport public, écoles, infrastructures culturelles et sportives, lieux de cultes, approvisionnement.
En attendant, le marché immobilier continue à être florissant. Car pour permettre aux jeunes ménages l’accès à la propriété, les prêts sont accordés par les banques pour une durée de 40 ans. Le calcul des intérêts montrera qu’en fait le remboursement sera le double de la somme prêtée!
À chaque pénurie il y a toujours des gagnants!
D’ailleurs avec les nouveaux instruments financiers des fonds immobiliers, le secteur est côté en bourse, ce qui veut dire que le prix de l’action doit être maintenu à la hausse.
Le transfert de la responsabilité aux seuls pouvoirs publics pour la mise à disposition de logements décents et les revenus crées par le marché de l’immobilier connaissent une distorsion qui engendre des situations aberrantes: maisons abandonnées, délabrement de quartiers entiers, car des locataires ne seraient pas délogeables!
À y voir de près, certains immeubles attendent depuis plus d’une décennie leur rénovation – vide… La location-vente, avec obligation de restauration a fait ses preuves. De même la sauvegarde de quartiers à l’habitation, mais la transformation de maisons unifamiliales en bureaux de fiduciaires, de notaires, de commerce, rapporte davantage au propriétaire.