L’intérêt commun, défini par les lois arrêtées d’un commun accord, à l’unanimité ou à la majorité, devrait être le principe qui prime, qui en termes de hiérarchie est au-dessus de l’intérêt particulier, voire l’intérêt direct du particulier.
Les conflits entre l’intérêt particulier et l’intérêt de l’ensemble d’un groupe de personnes ne manquent pas. La politique, définie comme « la science et l’art de gouverner un Etat », ou encore comme l’action au service de la « polis », la cité, est appelée à se faire une opinion en cas de conflit et de trancher en âme et conscience. Le principe voudra que l’intérêt du groupe pèse davantage que celui du particulier à moins que la loi n’en décide autrement. Une communauté est forcément affectée par l’envergure des conflits. Sa capacité de les résoudre dans l’ordre et la bonne entente est aussi l’image de marque du bien être et de la sécurité qu’elle offre à ses membres. Quand il n’y a pas de décision en faveur de l’intérêt principal du groupe, ou quand il y a contestation juridique de la décision, un particulier peut agir à l’encontre du bien et de l’intérêt commun de l’entièreté du groupe, aussi longtemps qu’il trouve une loi, voire un ensemble de règlementations qui empêchent le pouvoir de trancher dans l’intérêt commun. En d’autres mots: un particulier et son avocat peuvent même s’opposer aussi longtemps à l’exécution d’une décision prise sur la base d’une déclaration d’utilité publique qu’un maillon de la chaîne juridique laisse un brèche, et encore …
Ainsi, depuis l’ouverture de l’autoroute de la Sarre, les automobilistes doivent enfiler le tronçon provisoire qui évite la traversée de la localité de Hellange, de même que la sortie à Frisange construite et terminée mais barrée par le propriétaire, ne peut être pratiquée.
Deux grands propriétaires tiennent en otage des milliers d’automobilistes et l’Etat n’a apparemment pas encore réussi à éclaircir l’imbroglio juridique de la déclaration d’utilité publique des terrains nécessaires à la construction d’une grande voie de communication européenne.
Quel triste monument de l’exploitation illimité du droit de propriété, voire de l’incapacité du pouvoir public de défendre les intérêts de tous face au droits (?) de deux, alors que des dizaines d’agriculteurs ont bel et bien cédé leurs terrains pour la construction de cette route. Par sens civique peut-être, par solidarité certainement, par conscience aussi. Que le principe de l’utilité publique est une valeur de base pour le développement de la société démocratique.
Les choses étant ce qu’elles sont, faut-il s’étonner de l’impossibilité d’acquérir les terrains nécessaires à la construction de lycées, de routes, et de maisons à prix abordables?
Et le peuple souverain ne bronche pas, le mécontentement se retournant plutôt contre les pouvoirs publics que contre les deux propriétaires qui pourraient, de leur seule bonne volonté, redresser les choses.
Mais à vrai dire, la majorité des usagers du bipass de Hellange sont des étrangers, des transfrontaliers, témoins journaliers de l’égoïsme individuel et du plaisir morbide au bras de fer avec trois gouvernements successifs, lesquels n’ont pas réussi à changer la constitution pour y inscrire la priorité au principe de l’utilité publique.