Le renouvellement des postes clés, aura comme justification cette fois-ci, la présence des nouveaux pays membres. Le partage des mandats politiques entre plus d’une personne a au moins une légitimation électorale puisque toutes les fonctions ont été attribuées après des votes secrets, même si le « splitting » des mandats politiques ne devrait pas devenir une règle !
L’impressionnante entrée dans l’hémicycle des députés bulgares et roumains derrière leur drapeau, salués par Josep Borrell – encore Président – était à plus d’un titre symbolique pour l’Union européenne du 21e siècle. Pas même 20 ans depuis que la Roumanie s’est affranchie du joug d’un dictateur et du système communiste et de sa police secrète, la voilà membre de l’UE. Les députés des eux nouveaux-venus ont tous vécu la répression de leur propre expérience. Faut-il s’étonner que l’enthousiasme soit grand auprès des Roumains et des Bulgares? Après que les nouveaux députés ont rejoint leur groupe politique, tous se sont levés pour l’hymne européen, révérence à la culture européenne avec la musique de Beethoven et le texte de Schiller, allemands de naissance, européens universellement reconnus.
Quoiqu’on en dise, le Parlement européen arrive à fonctionner conformément aux règles qu’il s’est donné, suivant la proportionnalité des délégations nationales et des regroupements politiques, calcul établi par le scientifique belge d’Hondt, qui publiait en 1882 sa théorie. Appliquée depuis à de nombreux calculs pour les élections, le système a fait ses preuves.
Le Président sortant aura à l’acquis de sa présidence le déblocage de maints conflits interinstitutionnels comme les perspectives financières, la directive « Services », et REACH, entre autres.
Reste à voir si le nouveau Président arrivera à renforcer le contrôle parlementaire en vue d’une efficacité plus grande de la Commission et du Conseil des Ministres.
Les archives du Parlement abondent de recommandations et de rapports d’initiative sans que le suivi en soit assuré. La faiblesse du Parlement européen est bien le manque de pouvoir législatif. Là où il est co-législateur, comme par exemple pour la politique environnementale, son efficacité ne fait pas de doute. À voir la réticence des responsables nationaux à transposer, en législation nationale, certaines directives, on présume que ces mêmes actions n’auraient pas eu lieu sans l’action tenace du PE. Comme le montre l’exemple de l’interdiction de fumer en des lieux publics, alors que la nocivité pour la santé a été prouvée scientifiquement. Même le gouvernement fédéral en Allemagne n’ose pas transgresser le pouvoir des Länder!
Et tous les yeux se tournent actuellement vers Angela Merkel pour démarrer avec fougue et enthousiasme la présidence de l’Allemagne pour 6 mois.
Dès à présent, elle a le support du PSE, et sa prestation lors de la visite à Berlin, a été commentée avec engouement par le vice-président luxembourgeois.
La complicité entre le nouveau Président du Parlement européen, le Président de la Commission et la Présidente du Conseil, présage une constellation optimale pour faire avancer l’œuvre des pères fondateurs. Le président du Conseil de l’Europe salué à la tribune par le président nouvellement élu donne même la perspective d’une coopération renforcée entre les deux institutions. Belles perspectives pour le 50ième anniversaire du Traité de Rome !