Oui, faire l’Europe, c’est devenu très compliqué. Mais le fait que le parlement européen ait pu débloquer ces dossiers épineux, lui a certainement valu d’être en tête dans les sondages pour l’appréciation des citoyens sur les institutions européennes.
Le vote sur le 7e Programme cadre pour le financement de la recherche européenne a également été un dossier épineux, fortement influencé par le parlement avec la création du Conseil européen de la recherche, innovant ainsi par une coopération axée sur les seuls critères de l’excellence scientifique. Un grand pas en avant, nécessaire pour endiguer la perte de cerveaux et lancer les PME dans leurs capacités d’innovation!
Autre succès de la présidence et du parlement: l’année européenne du dialogue interculturel 2008. Opération qui arrive à bon escient, car le massacre de la constitution au Pays-Bas avec 67% de non, a causé des inquiétudes beaucoup plus profondes chez ceux qui, de bonne foi, plaident pour une union dans le respect de la diversité des cultures. Que dire en effet aux citoyens qui refusent l’autre, parce qu’il est différent? À l’instar du plombier polonais, on ne songerait pas à lui imposer les « conditions du pays d’accueil ». Hélas, les questions de culture sont beaucoup plus délicates à trouver une entente que celles qui règlent la sécurité sociale et le salaire minimum. Par ailleurs, le souci de la diversité des cultures est devenu un thème politique seulement lors des échauffourées autour de caricatures… Et encore, la frilosité avec laquelle les ministres ont refusé de mentionner le dialogue interreligieux, alors que le parlement l’avait approuvé, témoigne qu’il y a malaise. Profond malaise à interpréter divers signes précurseurs qui en disent long – Noël n’étant plus « Christmas » mais « seasons greetings »!
Déjà tous les yeux se tournent vers la nouvelle présidence. Angela Merckel est citée pour sauver la constitution, sa crédibilité politique sera-t-elle suffisante pour convaincre les collègues à ne pas camper sur leurs positions?
Déjà, on compte sur elle pour éliminer définitivement la Turquie, pour introduire avec fermeté la référence au passé judéo chrétien dans le préambule, on lui demande la réforme des institutions pour que cesse la présidence tournante et pour qu’on crée un nouveau poste très convoité, celui d’un président élu du Conseil européen, on exige de trancher sur les élargissements futurs et la politique de voisinage…
À voir partir les finlandais, c’est avec nostalgie, car leur présence et leur façon ouverte et conviviale a été synonyme du visage humain que l’Europe devra conserver. Et ce sera une des dernières présidences d’un vrai petit pays, un modèle qui, en dépit de tout, a fait avancer l’Europe.
Joyeux Noël