Ci-dessous l’article paru sur le sujet dans le journal « La Libre Belgique »:
Des Strasbourgeois invitent l’Europe
Grande première ce mercredi à Strasbourg : des habitants invitaient des eurodéputés à dîner chez eux. Un petit air de Giscard à la belle époque de ses incursions dans la France profonde, l’accordéon sur le cœur… Rendez-vous était fixé à 19 heures dans une villa arts déco proche du Parlement. Apéro de bienvenue avant que chacun reparte dans son home sweet home en emmenant « son » député. Fébrilité des organisateurs. « C’est une première, confie l’un d’entre eux, il faut que l’on se rôde ». Quatre parlementaires sont attendus. Première surprise chez les initiateurs du projet, « ces gens sont surbookés, ils ont des journées de dingues ! » Eh oui, ça travaille un eurodéputé… « De quels partis sont-ils ? » s’enquiert un participant. « Ils sont tous MPE », lui est-il répondu. Sauf que ces lettres signifie tout simplement « membre du parlement européen », c’est-à-dire pas grand-chose. Un peu de rodage s’impose effectivement. En l’occurrence, inscrite au Parti populaire européen (conservateurs), la Luxembourgeoise Erna Hennicot-Schoepges fait son entrée avant de prendre la route vers Wolfisheim, un village à un quart d’heure de Strasbourg où Mao – diminutif pétillant de Maryvonne – et Philipe ont dressé en son honneur une table raffinée. Elle est historienne et lui ingénieur. Présents également, Natacha, politologue et Hugues, pédopsychiatre. Des Strasbourgeois lambda, certes, mais férus d’art et de culture ce qui tombe bien car l’eurodéputée et son assistant Nima Azarmgin étaient pianistes avant de se lancer en politique. Quels sont les spectacles marquants à Luxembourg et à Strasbourg ? Et les musées ? Nima glisse au passage un compliment à nos ertébéennes radio et télé. « La France aurait des leçons à prendre », ajoute-il… D’Europe il est évidemment question. Erna Hennicot-Schoepges en donne une définition limpide : « C’est un modèle et non une géographie, un art de vivre ensemble en reconnaissant la différence de l’autre sans le combattre ou le rejeter ». Philippe, l’industriel, a du mal à faire le lien entre cette formulation toute philosophique et les directives communautaires, certes « intelligentes » mais « rébarbatives et ardues décortiquer ». « Il s’agit d’harmoniser et donner à tous les mêmes chances et les mêmes contraintes », répond l’eurodéputée qui s’en réfère au Marché unique et à la CECA des origines. Elle rappelle que ce n’est pas pour rien que « l’Europe de l’après-guerre s’est construite sur le charbon et l’acier indispensables à l’armement des ennemis ancestraux qu’étaient la France et l’Allemagne ». Mao avoue très simplement qu’elle l’ignorait. « On ne me m’avait jamais dit et je ne l’ai donc jamais expliqué à mes élèves. » De la guerre des sièges Strasbourg/Bruxelles, il a été à peine question. Mais l’Europe s’est effectivement rapprochée des « vraies gens », selon la formule de l’eurodéputée qui le lendemain envoyait un mail à ses convives pour leur dire qu’elle les accueillerait volontiers à Luxembourg ou à Bruxelles et leur rappeler « qu’ils étaient chez eux au Parlement européen ».
(Véronique Leblanc, pour La Libre Belgique)