Dans ce sens la première version du rapport Joan ì Marì penchait très clairement vers la question des langues minoritaires et régionales. Le groupe PPE-DE a trouvé en Erna Hennicot la personne idéale pour sortir le rapport de l’impasse. En matière de multilinguisme l’ancienne ministre de la culture avait en effet plus d’un tour dans son sac !
Ainis les compromis obtenus au prix de négociations intenses par Erna Hennicot et repris pour la plupart dans le rapport final donnent au rapport les éléments nécessaires pour atteindre son objectif premier. La démarche de Mme Hennicot est reflétée par son discours très apprécié en plénière.
Intervention devant l’assemblée plénière
Les débats sur le multilinguisme, sur la protection des langues régionales et minoritaires, et l’emploi des langues dans les institutions européennes suscitent toujours des prises de positions engagées auxquelles sont sous-jacent maints conflits politiques.
Le pluralisme linguistique dans les institutions européennes relève de décisions prises par les Etats Membres. Le 13 juin 2005 le statut des langues officielles a été arrêté par le Conseil et l’adoption à Luxembourg des ajouts à son règlement numéro 1/1958, ouvre, sur demande d’un Etat Membre, la possibilité à une langue reconnue comme nationale ou régionale de figurer dans les débats du Conseil, à condition que l’Etat Membre en assure la traduction à ses propres frais. Aussi l’article 22 de la charte des droits fondamentaux engage l’Union à respecter la diversité culturelle, religieuse et linguistique.
Ce rapport d’initiative qui rappelons le vise à mettre en œuvre un nouveau cadre stratégiques pour le multilinguisme, a le mérite de prolonger la discussion entamée déjà avec les rapports Ebner et Bayona en 2003 et Portas en 2005 portant sur les langues régionales et minoritaires ainsi que sur l’apprentissage des langues par les immigrés. Le Parlement est donc appelé à confirmer des positions antérieures ou bien à les modifier sur base d’événements nouveaux à moins qu’il ne veuille contredire ses propres positions.
Nous nous sommes efforcés tout au long de notre travail de trouver un équilibre acceptable par toutes les parties et reflété par les résultats des votes en commission. Et ce en considérant les acquis tout en mettant en perspective la question du multilinguisme. Je demanderai donc à mes collègues de faire preuve de sagesse et de ne pas se tromper de combat. Les langues doivent être le trait d’union entre les citoyens de l’Europe et non l’arme servant la division et la discorde.
Mon pays Le Luxembourg est le seul pays membre – pays fondateur – dont la langue nationale n’est pas reconnue langue officielle
Le gouvernement luxembourgeois a décidé de ne pas introduire cette demande, jugeant que le multilinguisme sera notre avenir commun. Le langage et l’intelligence nous ont été données pour nous entendre et non pas pour nous battre.
Le 10 octobre 1941, il y a 65 ans jour pour jour, les luxembourgeois ont été soumis à un référendum par l’occupant nazi leur demandant quelle était leur race, leur appartenance ethnique et leur langue. Ils y ont répondu trois fois: luxembourgeoise. La sanction a été l’enrôlement de force dans l’armée de l’occupant.
La génération des sacrifiés a pourtant accepté qu’après la guerre, la première langue apprise à l’école fût l’allemand, conjointement avec le français. Le luxembourgeois s’est développé avec succès, avec une orthographe et une grammaire et une littérature, à côté du français et de l’allemand.
L’étude commandée par la commission de la culture du Parlement européen sur le développement du langage chez le jeune enfant prouve que le développement du multilinguisme chez l’enfant en bas âge n’est pas une entrave à son développement mais au contraire, stimule ses facultés intellectuelles. L’ouverture à la langue du voisin sera ainsi le meilleur moyen d’arriver à une sauvegarde des richesses linguistiques et à une meilleure compréhension mutuelle.