« Sur le plan politique, je tâcherai de diriger le travail de la Commission visant à mener une politique de multilinguisme active dans les nombreuses politiques qui sont clé pour le fonctionnement de l’UE et du marché intérieur », a indiqué M. Orban devant les membres de la commission de la culture.
« La diversité linguistique et culturelle de l’Europe est une source de richesse qui doit être privilégiée et mise en évidence », a affirmé M. Orban. Le multilinguisme est un atout pour les entreprises, a encore estimé le commissaire. « A première vue, une seule langue peut paraître plus facile à gérer (… mais) le multilinguisme peut aussi donner à l’industrie un avantage compétitif s’il aide les entreprises à gagner de nouveaux marchés et créer de nouveaux produits qui pourvoient au multilinguisme ».
M. Orban a ajouté que ses « efforts pour soutenir le multilinguisme ne seraient pas limités aux langues de l’UE » et qu’il encouragerait aussi l’apprentissage du chinois, du japonais, de l’arabe, du turc et du russe. Il a aussi annoncé l’organisation d’un concours de traduction ouvert à toutes les écoles européennes, dans le cadre des cérémonies de célébration du 50ème anniversaire du Traité de Rome.
Les questions des groupes politiques
Erna Hennicot-Schopges (PPE-DE, LU) a insisté sur le rôle que jouent les écoles européennes dans le multilinguisme et a encouragé que l’on tisse des liens plus resserrés avec le Conseil de l’Europe. M. Orban s’est dit favorable à ces propositions, tout en soulignant que les possibilités d’apprentissage des langues ne se bornent pas aux écoles européennes.
Christa Prets (PSE, DE) s’est interrogée quant à l’étendue du portefeuille de M. Orban et a fait remarquer que l’éducation était principalement du ressort des Etats membres. Le commissaire désigné roumain a répondu que, si l’on envisage les services de traduction et d’interprétation, il serait responsable de pas moins de 3400 fonctionnaires de la Commission.
Hannu Takkula (ADLE, FI) a soulevé le cas du peuple lapon du Nord de la Finlande comme un exemple de diversité linguistique à protéger. M. Orban a indiqué que les utilisateurs de langues moins répandues devaient eux aussi avoir accès à l’enseignement tout au long de la vie.
En réponse à une question posée par Miguel Portas (GUE/NGL, PT) sur les problèmes rencontrés par les enfants des communautés d’immigrés dans les écoles des États membres, M. Orban a souligné que les systèmes éducatifs étaient du ressort des États membres, mais qu’il s’agissait là d’un cas où l’application du principe « langue maternelle+2 » est tout indiquée.
Thomas Wise (IND/DEM, UK) a estimé que le multilinguisme était d’une certaine manière la plus haute expression de la diversité culturelle de l’Europe, mais qu’il deviendrait probablement l’un des principaux défis à relever pour le budget de l’UE. M. Orban a déclaré que les coûts devaient rester sous contrôle tout en insistant sur le fait que l’une de ses priorités serait de garantir la plus haute qualité de traduction et d’interprétation dans l’UE.
Egalité hommes-femmes et questions linguistiques
« Il faut que les droits des femmes se retrouvent aussi dans toutes les versions des documents officiels », a indiqué M. Orban, donnant les exemples de « Mme la secrétaire générale » à la place « Mme le secrétaire général » en français et « chair person » à la place de « chairman » en anglais. Il répondait à Lissy Gröner (PSE, DE) qui l’interrogeait sur les aspects linguistiques de l’égalité entre hommes et femmes. « Ce sera un aspect important de mon activité et je peux vous assurer qu’au sein de mon cabinet il y aura un équilibre parfait à ce point de vue ».
En réponse à Sylvia-Yvonne Kaufmann (GUE/NGL, DE) qui estimait que le manque de distinction linguistique des genres reflète une société basée sur des structures patriarcales, M Orban a souligné que la pratique des langues à la Commission avait changé. « J’ai l’intention d’avoir un dialogue très étroit avec tous les parties intéressées pour trouver une solution à ces questions », a-t-il indiqué.
Les minorités et les autres questions politiques liées aux langues
Plusieurs questions ont porté sur les minorités rom et hongroise en Roumanie et sur les minorités slovènes en Autriche. Sur ces points ainsi qu’au sujet de l’usage du catalan, M. Orban a, à chaque fois, répondu qu’il appuyait la position officielle de la Commission européenne et que la protection des droits linguistiques était du ressort des États membres: « En matière de droits linguistiques, je ne suis pas partisan d’adopter une législation au niveau européen pour l’imposer aux États membres », a-t-il précisé.
Faisant allusion à la Carinthie (Autriche), Zdzislaw Zbigniew Podkanski (UEN, PL) lui a demandé s’il protesterait ou prendrait des mesures contre des violations à l’égard du multilinguisme. M. Orban a mis en relief les « différents modèles et les différentes normes » en vigueur dans les États membres.
« La question de la minorité rom est très importante et mérite une attention spéciale (…). Je soutiens fermement leur intégration dans la société, pour ce qui est de l’accès à l’éducation, à l’emploi, au logement… » a affirmé M. Orban. « Mon action sera guidée par la protection de toutes les langues dans l’UE, y compris les langues pratiquées par les minorités », dans l’esprit des traités. « Je n’hésiterai pas à établir un dialogue avec les Roms ou les autres minorités, dans les limites des compétences qui, si je suis confirmé à mon poste, me seront imparties par le Président Barroso ».
Quant à la minorité hongroise vivant en Roumanie, M. Orban a déclaré « adhérer au point de vue de la Commission. La Roumanie a accompli des progrès remarquables dans le domaine des droits des minorités. J’estime, tout comme le reste du Collège, que les droits des minorités sont respectés en Roumanie ».
Pas de constitution « à la carte »
« Je suis opposé au choix à la carte. Nous devons adopter le texte dans son intégralité pour prévenir tout déséquilibre », a répondu M. Orban à une série de questions sur le projet de traité constitutionnel posées par Jo Leinen (PSE, DE) et d’autres membres de la commission des affaires constitutionnelles. Evoquant la contribution de la Commission à la « période de réflexion », M. Orban l’a qualifiée de « base très solide pour aller de l’avant et trouver une issue à la crise institutionnelle ». Exposant ses vues quant à la capacité de l’UE d’intégrer de nouveaux États membres, M. Orban a déclaré que la proposition de la Commission qui est sur la table est « une excellente base pour les élargissements à venir ».
Jo Leinen (PSE-DE) a demandé au commissaire désigné comment il comptait assurer la diversité linguistique au sein des institutions européennes où l’anglais a tendance à devenir souvent la première langue de travail. « English is not enough », a répondu M. Orban, « on ne peut se contenter de l’utilisation de l’anglais; toute mon action vise la promotion de cet objectif ».
Et, à Andrew Duff (ADLE, UK) qui lui demandait s’il se considérait comme un fédéraliste, M. Orban a répondu: « Je suis partisan d’une Union politique, d’une Union forte ».
source : http://www.europarl.europa.eu/