L’esclavage a été la pire des déviations des mondes civilisés – les uns s’arrogeant des droits de propriété sur les autres, tous pourtant des êtres humains à part entière, différents par la seule couleur de leur peau et dépendant de leur provenance géographique.
Un demi-siècle à peine a réussi à établir une prise de conscience des méfaits commis, sans pour autant extirper entièrement des têtes blanches les phantasmes de leur supériorité intellectuelle ou culturelle. Les anciens démons des dominateurs se réveillent très vite – ne fût-ce qu’en marge d’un championnat mondial de foot…
Et pour empêcher que cette Afrique, que l’Europe a habitée en dominateur, ne débarque sur ses côtes en quémandeur de justice sociale – ou même seulement pour échapper à un néant total et certain, la conférence de Rabat a prouvé que l’attitude des européens à l’égard des africains n’a pas beaucoup changée. Un échange: en contrepartie de l’aide au développement accordée, le rapatriement des « indésirables », ou encore le gage du retour au continent noir pour l’accès aux études universitaires, certes pour la plausible raison de ne pas vider les pays africains de leurs élites! Ainsi donc, il fallut d’une conférence de plus de soixante ministres pour constater que l’Europe s’érige en forteresse vis-à-vis du continent africain.
Et toutes les lois de non-discrimination n’arriveront pas à éliminer les préjugés à l’égard des citoyens du continent noir.
Cependant, la culture africaine est à la une: le président français lui-même, n’a-t-il pas fait construire un musée des « arts premiers ». Les musiques africaines se voient au beau fixe dans la catégorie de « musiques du monde », encore que l’admission de groupes africains dans les festivals pose problème en l’absence d’une politique de visas respectueuse de la situation spécifique des métiers de l’art.
Imaginons les africains présents dans les capitales européennes dans leurs belles tenues colorées au lieu de les voir pressés à l’occidentale dans des vêtements non adaptés à leurs corps, n’y aurait-il pas au moins la conscience de leurs capacités créatives, de leur culture?
L’exotisme recherché par les voyages touristiques haut de gamme pour le safari, pour la recherche de l’insolite et la beauté des paysages, c’est l’autre Afrique, celle qui ne nous dérange pas…
Le Parlement européen a fait appel aux gouvernements en vue d’une concertation sur les politiques d’immigration, avec cet arrière goût de contrôle, de peur que des régularisations excessives en nombre ne puissent déranger les planifications…
La migration sera le défi du 21e siècle. Le partage des ressources ne saura se faire sur l’arrière-fond d’une mentalité de dominateurs, les temps de la colonisation devraient être révolus, à tout jamais.