Provisoires, dans des bâtiments non occupés par le hasard de la planification étatique comme le home Don Bosco, jadis destiné à devenir un internat public dont le projet de loi a été voté au début des années 80, ou le couvent de Marienthal, destiné à la jeunesse, provisoires organisés de fortune ou plutôt de nécessité pressante par le ministère de la famille dans des hôtels ou habitations particulières, l’obligation de loger les demandeurs d’asile est partie intégrante des conventions que nous avons signées.
Les changements du statut du réfugié, qui n’est plus seulement le persécuté par des régimes politiques, fuyant la guerre et l’oppression dans son pays, mais plus souvent celui qui fuit la misère et la famine nous appellent à changer de politique et à modifier en conséquence nos moyens d’intervention. Les récents événements ont à nouveau posé la question si notre politique en la matière est encore adaptée à la situation.
La responsabilité est bel et bien partagée, car le ministre qui en assumait la responsabilité au précédent gouvernement a traité l’afflux de réfugiés comme un fait lié à la guerre des Balkans, donc passager. Son essai de renvoyer ceux qui ne se trouvaient plus en situation de conflit armé n’a connu que peu de succès – le refus de l’accueil par le pays d’origine en étant parfois la cause. Mis à part la question du statut juridique, actuellement en instance législative sous la nouvelle tutelle créée par l’accord de coalition en 2004, le problème du logement existe depuis au moins deux décennies. Les appels aux communes de se déclarer prêtes à l’accueil de réfugiés n’ont connu que peu de succès.
Rares sont en effet ceux qui voudront affronter l’opposition populaire à de telles structures, plus rares encore ceux qui mettent à disposition des maisons vides – ne fut-ce que temporairement.
L’approbation générale que récolte celui qui proclame haut et fort le renvoi immédiat des réfugiés, s’inverse rapidement en un refus catégorique pour celui ou celle qui plaide pour le besoin d’une structure d’accueil digne de ce nom – qui ne fut pas la prison ! Car cela voudrait dire que l’accueil de réfugiés ne serait plus considéré comme un phénomène passager, à traiter avec du « provisoire », mais comme l’installation en définitive d’une population qui en l’état actuel de l’ambiance politique n’est pas la bienvenue – c’est le moins qu’on puisse dire.
La décision de la construction d’une structure d’accueil est donc déjà un progrès vers un changement de politique.
Car l’Europe devra assumer la migration qui est une caractéristique de notre époque, et au vu de la situation économique dans certaines régions du monde le nombre de demandeurs d’asile pour des raisons économique ira croissant. Notre pays au cœur de l’Europe, avec le PIB le plus élevé, est toujours destination très en vue, pour ceux qui fuient la guerre et la pauvreté, mais également pour ceux qui sont attirés par un marché de la drogue payant.
La prison est en effet le moyen le moins approprié pour loger les sans papier, et le recours à cette solution devrait nous faire honte. Par ailleurs, le coût d’une structure d’accueil n’est certainement pas l’argument décisif, sachant que l’actuel système de logement décentralisé avec prise en charge de la part du ministère de la famille est de l’ordre de grandeur d’un musée Pei par an !
S’il fallait vraiment mort d’homme pour que les choses avancent, il sera évident qu’une structure d’accueil ne pourra être une prison « light » mais qu’il faudra l’encadrement adapté à une population qui varie sans cesse. Honneur enfin à la commune de Sandweiler qui s’est déclarée prête à l’accueil, tout comme aux communes qui depuis longtemps abritent des réfugiés. Le ministre de la justice sera alors entièrement déchargé du dossier des réfugiés – soulagé d’un domaine où sa politique de fermeté articulée a récolté l’approbation populaire, sans avoir le résultat escompté. Car c’était bien un provisoire qui dure…