La venue d’Angela Merkel à la CDU et sa carrière rapide ne lui ont certainement pas value que des amis. Secrétaire générale d’un homme comme Helmut Kohl, alors qu’il était au zénith de sa popularité, admiré pour le courage d’avoir réussi la réunification de l’Allemagne, c’était aussi faire l’apprentissage du « système » Kohl ! Pendant 7 ans Merkel fut ministre du Chancelier qui lui a donné son appui pour devenir secrétaire générale de la CDU. Das Mädchen, la fille-comme l’appelait Kohl, devenait présidente de son parti le 10 avril 2000. Qui l’eut cru que c’était elle qui, lors de la crise autour du financement de la CDU et de l’implication de dons reçus par le Chancelier dont celui-ci ne voulait pas révéler la provenance, coupait court et demanda à son parti de se restructurer sans Helmuth Kohl!
Le curriculum d’Angela Merkel est déjà riche en événements marquants, dont elle est sortie vainqueur à chaque fois. Et même si le résultat des dernières élections était très décevant pour elle, en tenant bon elle a prouvé la résistance et l’énergie dont elle est capable. En politique on a peu de vrais amis, surtout quand le doute plane au sujet de la personne. D’aucuns auraient cru que le temps était venu pour la remplacer, Stoiber en premier, qui cherchait désespérément un(e) coupable pour le mauvais résultat de la CSU, et d’autres encore, plus discrets… En effet le soir des élections l’euphorie qui s’était emparée de la CDU pendant la campagne électorale virait en une déception difficile à avaler pour le plus grand parti politique de l’Allemagne. L’analyse fine de tous les détails autour des conférences de presse – Angie toujours accompagnée par Stoiber – des innombrables commentaires dans la presse écrite, des caricatures, photos, analyses vestimentaires et autres, brosse un tableau succulent du comportement de la gente masculine quand une femme s’approche de sa chasse gardée – le pouvoir! Merkel avait fait des concessions lors de la campagne électorale : mieux coiffée, maquillée, garderobe plus subtile (un petit peu seulement) elle s’était pliée à quelques pressions, et s’en trouvait bien. Heureusement elle n’a pas perdu sa sincérité affichée sur son visage : la déception le soir des élection et la joie lors de son élection de Chancelière y ont été bien lisibles. Commentaire bête encore lors de l’élection au Bundestag : où était le mari de Merkel? S’est-on soucié de l’épouse de Schroeder au moment de son élection, de l’ancienne ou de la nouvelle, lui a-t-on jamais fait le reproche de ne pas avoir d’enfant?
Le traitement égal entre hommes et femmes culbute au moment où une femme s’aventure dans les enceintes du pouvoir. Gestes parfois maladroits non intentionnés, mais souvent encore expression de machisme persistant.
Mes souhaits pour Angie : Qu’elle garde sa simplicité, qu’on puisse lire sur son visage si elle dit vrai, et surtout qu’elle garde la parcimonie des gestes. A l’instar de Kohl et Mitterand qui, en se donnant la main devant l’ossuaire de Verdun en septembre l984, geste pudique resté dans notre mémoire comme le point final de la réconciliation franco-allemande, ont pu accomplir bien plus que leurs successeurs respectifs avec toutes leurs embrassades.