La directive sur les brevets de 1998 n’a pas encore été transposée par tous les pays membres (à savoir l’Italie, le Luxembourg, la Lettonie et la Lituanie), les législations pour la recherche biotechnologique diffèrent d’un pays à l’autre. L’Europe est consciente que les attitudes plus ouvertes d’autres continents risquent de freiner les retombées économiques possibles. Les laboratoires s’installent en effet là où les conditions de travail leur conviennent.
Nous sommes donc en présence d’un débat très compliqué et même avec les meilleures informations, la politique ne pourra évaluer qu’une partie des conséquences de ses décisions.
Les solutions faciles dans ce domaine n’existent pas. Le progrès de la science ne s’arrêtera pas. Même si certains pays ont des législations plus libérales, le bien-fondé du débat éthique ne peut être nié. La thèse que ce qui peut se faire se fera a maintes fois été confirmée.
La fertilisation en dehors du corps humain était un grand progrès pour les couples stériles dont le désir d’un enfant commun a pu se concrétiser. Lors du débat au Conseil de l’Europe, où déjà en 1987 le souci de l’Assemblée parlementaire était le sort des embryons surnuméraires, il était également déjà question des possibilités d’intervention eugéniques, qui auraient concerné le sexe de l’enfant. Avec les techniques actuelles et la découverte de possibilités pour modifier l’ADN, il serait possible de « fabriquer » sur mesure l’être de son choix.
Dans tout ce débat, l’enfant est devenu l’objet qu’on accueille ou qu’on refuse, qu’on s’offre, convoité commercialement, découvert par la publicité, la mode, ou encore les producteurs de téléphones portables, pour le potentiel économique qu’il représente.
Le débat de financer par le septième programme-cadre la recherche sur les cellules souches embryonnaires est aussi un débat éthique. Le Conseil des Ministres avait en 2003 arrêté un compromis pour autoriser le financement de la recherche sur les lignes existantes de cellules souches, en quelque sorte des embryons déjà détruites. Ce compromis n’a jamais été mis en oeuvre par la Commission. En marge de la résolution sur les brevets pour les inventions biotechnologiques, le PE a de nouveau exprimé ses réticences contre la destruction, voire même la production systématique d’embryons à des fins de recherche.
En tout cas, la désinvolture d’ignorer les problèmes éthiques au bénéfice du seul intérêt économique n’est pas une attitude générale dans aucun des partis politiques. Le PE devra encore s’exprimer sur les priorités en matière de recherche. Les maladies de l’âge sont régulièrement sujet à des déclarations écrites de la part des parlementaires (serait-ce en relation avec leur moyenne d’âge ?). Il existe toutefois des priorités mondiales dont l’Europe ne pourra être absente : le SIDA et la malaria déciment l’Afrique, la poliomyélite n’est pas éradiquée et déjà de nouvelles épidémies comme la grippe aviaire hantent les esprits. Les biotechnologies gagneront en intérêt et le développement économique devra en tenir compte.
Quant à ceux qui prônent la liberté de la recherche comme argument pour transgresser les règles éthiques au bénéfice du tout économique devraient être conscients que tous les chercheurs ne sont pas des apprentis sorciers.