Combien éloignés sommes-nous des votes bilans qui sanctionnaient ou confirmaient les actions des partis politiques!
A observer les sondages en Allemagne on croirait presque que les électeurs ne se demandent même plus pourquoi ils doivent voter avant terme, ni quelle serait l’efficacité du chancelier reconfirmé et toujours en face du « Bundesrat » avec la même majorité de blocage – raison pour laquelle il a proclamé ces élections précoces!
Le rôle des débats télévisés y est certainement pour quelque chose. Lors des référendums sur la constitution européenne en France, les opinions favorables ont diminué au fur et à mesure du nombre de débats télévisés.
Il semble que de même en Allemagne l’appel au changement politique si franchement confirmé lors des élections en RNW s’effrite au vu des face-à-face entre candidats.
L’électeur est-il encore capable d’y voir clair – de se faire son opinion à lui? Qui peut s’arroger le pouvoir du juge et proclamer quel était le meilleur des candidats – même avant la fin de la prestation? N’est-ce pas un danger pour l’esprit même du modèle démocratique de dispenser les citoyens de réfléchir et de se faire eux-mêmes leur opinion? Au lieu de l’antique confrontation sur l’Agora, la place publique, les débats télévisés réduisent à de menues phrases de résumé tout exposé sérieux des problèmes. A force de réduire les interventions à quelques minutes de temps de parole judicieusement partagées entre les représentants des partis, tout laisse croire que la complexité de l’action politique n’existerait plus et que l’électeur serait à convaincre par le biais d’attaques plus ou moins élégantes à l’égard de l’adversaire.
Mais pour qui prend-on ce citoyen adulte qu’on fait voter avant terme parce qu’on n’a pas pu s’entendre entre grands partis et parce qu’on n’a pas su transgresser le petit et mesquin égoïsme de parti politique pour permettre les réformes nécessaires.
Déjà avant 1998, une réforme fiscale était sur la sellette sans
aucune chance d’un accord politique entre les grands partis.
La préférence dans les sondages pour une coalition entre les « grands » n’est-ce pas aussi le message que le citoyen en a marre de voir se quereller les représentants des partis représentatifs d’une large majorité à la seule fin semble-t-il d’accéder au pouvoir?
Après les élections en Allemagne, les regards se tourneront vers la France, où les 100 jours du nouveau Premier Ministre se sont passés sans grande ni petite révolution. L’affrontement interpartis est des plus succulents à observer en douce France, où l’ancien Premier Ministre et Président de l’assemblée nationale Laurent Fabius prend des oeufs sur la tête, alors qu’il est en quête d’une forte union de la gauche (très à gauche). Au vu de deux candidatures déjà annoncées à la droite le Président Chirac fait part de son intention de briguer un troisième mandat. Essai de départager les deux adversaires de la droite ou manoeuvre pour contredire les spéculations au sujet de sa santé?
Serions-nous, spectateurs, en état de manque sans ces nouveaux gladiateurs qui s’affrontent en spectacle public et qui remplissent les espaces médiatiques?
Si ce n’était pas si triste de voir se dégrader la chose publique en combat entre athlètes (dont les méninges remplacent les muscles), l’on pourrait trouver un réel plaisir à les observer, les taxer – manquent encore les paris sur les gagnants.
Décidément, la démocratie parlementaire et le rôle des médias méritent d’être repensés.