Le compromis de la présidence luxembourgeoise était très certainement en deçà de l’ambition de Jean-Claude Juncker, lui qui était en faveur d’une augmentation des crédits pour la recherche, lui qui avait annoncé un accroissement du budget pour la culture!
Mieux vaut peut-être que le dernier compromis n’ait pas trouvé d’accord ! En tous cas ce Conseil des chefs d’états a révélé combien ils sont loin d’un réflexe européen et quel est l’éloignement entre la « vieille Europe » et les nouveaux pays membres. Si au niveau des réunions ministérielles la plus-value européenne n’est pas le critère de première priorité, les projets communs piétineront et l’on continuera à faire de la diplomatie plutôt que de la politique!
La Commission quant à elle, devra battre sa coulpe en ce qui concerne sa façon de travailler. Les initiatives au niveau européen sont toutes des projets de long terme. Si chaque nouvelle Commission veut briller par son propre programme et laisser sa « marque », qu’en sera-t-il de la continuité du travail et de la mise en oeuvre des décisions prises par les conseils des ministres, voire par les commissions précédentes? Les citoyens ont très bien compris que l’on navigue à vue et des résultats plus concrets rendraient certainement l’UE plus populaire, plus proche de ce qu’en attendent les citoyens des Etats membres.
Le Parlement ne pourra pas non plus continuer à fonctionner comme si rien ne s’était passé. C’est l’institution qui est peut-être la plus impopulaire auprès des citoyens ! A tort ou à raison ? Au moins le parlement fonctionne dans la transparence, en public, son travail n’est pas toujours apprécié à la bonne échelle, et comme dans tous les parlements du monde il y a ceux qui signent leur feuille de présence pour encaisser de l’argent et ceux qui travaillent dans le détail les propositions du Conseil et de la Commission.
Les relations entre les institutions européennes et celles des Etats membres laissent beaucoup à désirer. L’initiative de la présidence luxembourgeoise de faire des réunions communes avec des parlementaires nationaux était un début, une préfiguration des dispositions de la Constitution qui prévoit la consultation des parlements nationaux avant chaque initiative législative.
Toutefois il reste le problème des perspectives financières. Sans budget suffisant l’Europe ne pourra pas donner un sérieux coup d’envoi pour la relance de l’économie ! Et les projets sont là : Galileo – générateur de plus de 100 000 emplois nouveaux, les grands travaux d’infrastructures avec des investissements de 400 milliards d’euros pour construire 27 000 km de routes 10 000 km de rails pour TGV et 14 000 pour les chemins de fer conventionnels. Et tous les yeux se tournent vers Monsieur Blair, qui dit qu’il veut boucler le budget pendant sa présidence!
Aurait-t-il accepté de négocier sur son « chèque »? Saura-t-il faire une proposition valable pour une réforme de la politique agricole? Quel sera le nouveau modèle social que nous proposera Monsieur Blair – lui qui privatise tout, même les écoles.
N’était-ce alors que le jeu des présidences tournantes de ne pas dévoiler ses intentions au président Jean-Claude Juncker, pour ne pas laisser à celui-ci le bénéfice du succès? Là encore on voit quel serait le bénéfice de la Constitution qui prévoit un président du conseil pour deux ans et demi.
Un oui à la Constitution pourrait éviter à l’avenir ces conférences sans résultats, ces échecs inutiles et ce piétinement de l’action pour les citoyens.