Le PS se croyait-il vraiment plus apte, plus humaniste, à cette tâche ingrate et qui est devenue de plus en plus ingérable vu le nombre croissant de demandeurs d’asile en fin de procédure ? Ou a-t-il tout simplement « avalé la couleuvre » à l’instar du financement de la Mammerent ?
Quoi qu’il en soit, le ministre Jean Asselborn, qui fait de son mieux pour faire aboutir ses dossiers européens, se défend – avec les mêmes arguments que son prédécesseur ! Ce que le citoyen lambda ne comprend pas c’est la longueur des procédures, et enfin d’où nous viennent ces demandeurs d’asile, alors que notre seule frontière extérieure est un aéroport aisément contrôlable.
En attendant, des centaines d’autres cas viendront sous peu à échéance et les drames individuels de chaque renvoi forcé se répéteront. Quant à l’accélération des procédures, il ne semble pas qu’elle aboutisse de si tôt… à moins que ce gouvernement-ci ne se dote de moyens en personnel et en infrastructures lui permettant de faire face à un afflux plus important de demandeurs d’asile. Un renforcement administratif et l’installation, en définitive, d’une enceinte pour le logement de demandeurs d’asile seraient certainement un moindre frais que les longues attentes et leur financement par les deniers publics – sans parler des drames humains qu’on inflige à ces misérables, les laissant sans décision pendant des années. Encore faudrait-il trouver un lieu d’accueil approprié pour construire cette enceinte en remplacement des logements de fortune gérés par le ministère de la famille. Et peut-être les deux bourgmestres devenus ministres auront-ils une attitude plus généreuse à l’égard du lieu-dit Krakelshaf, jadis en discussion pour le logement des réfugiés… A vrai dire le ministre critiqué devrait se tourner vers l’échevine eschoise et lui demander si sa commune se déclare prête à accueillir les malheureux dont elle s’est faite la défenderesse. Car force est de constater que toute solution recherchée se heurte à un problème majeur : le refus des collectivités locales d’accueillir une telle infrastructure, à quelques louables exceptions près…
Au rythme où vont les procédures de retour forcé, Asselborn aura de grandes chances de dépasser son prédécesseur. Sur 1463 demandeurs d’asile maintenant en fin de procédure, les reconductions devraient s’élever à des centaines par an d’ici la fin de la législature… A moins de les laisser au prochain gouvernement en plus des 1577 actuellement enregistrés et de ceux qui viendront s’ajouter pour les années à venir.
Une perspective s’ouvre toutefois, car, comme l’a déclaré Luc Frieden ce lundi devant le Parlement européen, la politique à l’égard des demandeurs d’asile deviendra une vraie politique européenne avec des conditions minimales fixées par une directive, la création d’une agence pour la sauvegarde des frontières extérieures, une structure d’accueil européenne et… des vols communs pour les rapatriements.
Une chose est certaine: vu le nombre croissant de conflits politiques violents – 44 en 1996, 151 en 1999, l’accueil de demandeurs d’asile devra rester une préoccupation de toute politique humaniste et chrétienne. Notre pays devra donc se doter des moyens pour la gérer.