Lors du concours international de percussion qui s’est déroulé il y a une semaine au Conservatoire de la Ville de Luxembourg il y avait, parmi les sponsors officiels – Etat et Ville de Luxembourg -, les sponsors commerciaux – vendeurs de voitures, d’instruments, et autres -, les sponsors « en nature » – hôtels, restaurants, services de voyage, médias et communicateurs -, deux personnes privées qui ont doté les deux prix spéciaux de 1000 euros chacun.
Ces deux dames, veuves de musiciens renommés, ont rappelé, par leur geste, à un public averti la continuité de l’action musicale qui était la raison de vivre de leur mari. Ady Mootz et Jean Gieres, tous deux musiciens militaires – en des temps où les salaires étaient petits – directeurs de nombreuses fanfares et d’harmonies, enseignants aux conservatoires et cours de musique, ont été les initiateurs de mainte carrière musicale. Jean Gieres a enseigné la percussion au Conservatoire de la Ville de Luxembourg et sa classe a bel et bien jeté les bases de cette culture des instruments de percussion, devenus si populaires depuis. Le fils d’Ady Mootz, Paul, président du jury international du concours, a pris la relève dans l’enseignement.
Le noble geste de leurs épouses a non seulement permis d’honorer la mémoire de deux excellents musiciens, mais pose encore la question de savoir si le temps n’est pas propice pour doter le pays d’une vraie culture de mécénat. Et il me tient à cœur de relever les efforts qui ont été faits, les remarquables synergies qui ont pris un essor avec l’année culturelle de 1995, la sagesse des chefs d’entreprise qui, en dépit des années maigres, ont tenu bon, conscients que la culture est aussi un investissement dans les têtes et dans la créativité.
Sans cesse les entreprises seront sous la pression des demandes multiples de la part des secteurs du sport, de la culture, de l’aide humanitaire, du soutien aux défavorisés, entre autres. 2007 sera une autre occasion de créer de nouvelles synergies transfrontalières du mécénat. Toutefois, le vrai travail d’un mécénat bien structuré, à l’instar des initiatives de Jacques Rigaud en France, reste à faire.
Et qu’en est-il du mécénat des particuliers, des fondations, donations de collections, subventions régulières d’initiatives artistiques ? Le conservatoire de la Ville de Luxembourg est issu d’une fondation privée, la Fondation Eugénie Dutreux. Un exemple parmi d’autres, rares cependant, en comparaison avec d’autres pays comme la Belgique ou la Suisse, où de prestigieuses fondations privées ont permis le développement de secteurs « à problèmes » comme par exemple la musique contemporaine ou l’art d’avant-garde.
Frileux pour l’autorisation de nouvelles fondations, le ministère de la Justice a certainement ses raisons – raison de plus pour lancer le débat ! On ne voudrait certainement pas affirmer qu’à Luxembourg il n’y aurait pas de fortunes susceptibles de faire perdurer le nom de donateurs généreux ! On ne voudrait non plus affirmer qu’il n’y aurait pas de collections privées dignes d’enrichir l’éventail des collections publiques ! Et certainement la générosité ne manque pas, même aux riches concitoyens…
Par contre l’hommage rendu aux dames Gieres et Mootz pourrait être élargi à la généreuse donatrice des « Frenn vun der Lee », à la mécène de l’orgue de Wormeldange, et à beaucoup d’autres sponsor(e)s qui, à l’instar de Caius Maecenas, né en 69 av. J.C. et qui a protégé Horace et Virgile et d’autres artistes et poètes, se feront un plaisir et un honneur de joindre le cercle des mécènes individuels.