L’Europe a progressé. Les gouvernements ont dans beaucoup de domaines trouvé des accords sur la démarche à adopter. Depuis les visions ambitieuses de Jean Monnet, les institutions se sont établies, renforcées, les progrès sont appréciables ! Toutefois, la frustration alimentée par les lourdeurs d’une bureaucratie tentaculaire exprime souvent le mécontentement vis-à-vis du manque d’efficacité de la lourde machine qu’est devenue la Commission avec 20000 fonctionnaires. La prise de décision aux Conseils des Ministres à 25 ne dote pas non plus l’UE de la rapidité et de l’efficacité dont auraient besoin certains secteurs. Un exemple de comment, à partir de bonnes intentions et de projets emblématiques, le malaise interinstitutionnel génère de la bureaucratie, est la capitale culturelle de l’Europe et sa désignation.
Lancé par la Ministre de la Culture Mélina Mercouri le 13 juin 1985, le projet de désigner chaque année une ville « capitale culturelle de l’Europe » a fait ses preuves, tant en permettant un développement culturel exceptionnel qu’en créant un réseau de villes passées par les mêmes expériences. S’il était facile de désigner les villes au début, le Conseil des ministres avait quelques problèmes à trouver l’unanimité, une fois le tour des 15 pays membres accompli. Et voilà que l’on décidera désormais de répondre à ce malaise institutionnel par une procédure de jurys d’experts appelés à trancher sur les propositions des villes candidates – c’est empiler une administration sur une autre. La faiblesse institutionnelle est remplacée par un système d’expertise qui laisse entrevoir une bureaucratie renforcée pour trancher au vu de propositions élaborées – souvent à grands frais – par les villes candidates.
Dommage ! La Commission devra soumettre d’ici juin un catalogue de critères pour permettre une évaluation équitable. Luxembourg 2007 sera certainement un projet digne de servir de modèle pour de futurs critères de sélection. Et dire que ce projet a été contesté dans sa première version par l’avis négatif d’un jury – jury qui ignorait ce qu’est la Grande Région – publié comme par magie dans le plus grand quotidien luxembourgeois avant même qu’il n’ait été communiqué au ministère de la Culture !
Grande était la surprise des députés européens de la Grande Région, que j’avais invités pour une présentation de l’initiative Luxembourg 2007 : ils n’avaient pas connaissance du projet ! 2007 sera l’occasion de soigner les échanges d’informations au-delà des frontières.
A Berlin, le président de la Commission, Barroso, a plaidé pour la valeur de l’action culturelle en la plaçant au-dessus des valeurs économiques. Reste à voir si pour les perspectives financières, le budget accordé à la culture sera augmenté de sorte à être à la hauteur des ambitions du président Barroso.
Ensemble avec la ville partenaire en Roumanie, le projet de la capitale culturelle sera une occasion unique de prouver que la culture peut assurer la cohésion d’une région, réconcilier passé, présent et futur et renforcer les racines de la sève desquelles se nourrit l’identité et la continuité des générations futures.