Tous les reportages se sont terminés par l’appel à la solidarité. Et que reste-t-il d’autre à faire pour consoler ceux qui ont perdu leurs proches et ceux qui se trouvent devant un gouffre pour survivre tant bien que mal ?
La solidarité spontanée s’est montrée efficace, en volume et en rapidité. Les organisations humanitaires auront à affronter des problèmes de logistique d’une envergure jamais rencontrée. Les Etats font de leur mieux pour donner l’impression d’agir en coordination, avec méthode et système, et même si les Nations Unies seront acceptées partout dans un rôle de coordinateur suprême – le constat d’une détresse infinie plane sur toutes les actions, si bien intentionnées soient-elles. La simultanéité des informations, des images, des chiffres, laisse déferler des cadavres par milliers, une dévastation jamais vue, un ensemble de malheurs, dont une infime partie suffirait déjà à produire son effet.
La capacité d’assimiler tant d’informations sur des sinistres inimaginables n’est-elle pas dépassée ? Au risque de les faire passer dans la rubrique du déjà vu, la répétition des images du désastre a sans doute le double effet de l’information et de la sensibilisation. L’analyse scientifique des faits et la constatation qu’un dispositif d’alerte aurait pu sauver de nombreuses vies laisse perplexe – d’autant plus que la faisabilité technique n’aurait pas été impossible.
A toutes ces innombrables questions sur le développement touristique et les constructions nécessaires à cette ressource économique les réponses sont fragmentaires et toujours insuffisantes.
C’est le fait que la nature n’est pas à programmer ni à planifier. Tant bien que mal l’être humain devra se soumettre à l’imprévisible, accepter qu’il n’est pas le maître de l’Univers, endosser qu’il a manqué de prudence, qu’il s’est vanté en sécurité bien que le danger était là.
Un an après le tremblement de terre en Iran, la reconstruction se fait attendre et les habitants rescapés ont raison de se demander si – un fois les phares des caméras éteints – le monde occidental se souviendra encore d’eux et de leur dénuement.
Dix ans, des milliards à investir, la tâche est énorme. Et tout comme il n’y avait pas de dispositif de crise pour l’intervention des premiers secours, il n’y aura pas de plan tout prêt pour engager la reconstruction. Les conférences se multiplient : conférences de donateurs… et déjà c’est la querelle de qui prendra en main quel chantier. Le comble est qu’au vu de cette catastrophe naturelle d’aucuns proposent la rémission des dettes, proposition refusée par certains pays comme la Thaïlande. Proposition choquante par ailleurs, révélant un esprit mercantile mal à propos pour la situation actuelle, à moins qu’elle ne s’ajoute à l’aide réelle. Et l’Inde qui dit pouvoir maîtriser de ses propres forces la catastrophe… Serait-ce encore le signe que l’aide proposée aurait un arrière-goût de prise d’influence et d’ingérence ?
L’Europe est concernée – aussi parce que des milliers de touristes européens ont laissé leur vie, leurs proches. La reconstruction des territoires dévastés demandera une grande sensibilité et le respect de la culture de ces pays connus trop sommairement par les prospectus de voyage, exploités par le biais d’un tourisme à plusieurs visages, peu respectueux parfois des autochtones. Leçon d’humilité, car en dépit de la générosité des Etats et des citoyens l’aide matérielle ne sera qu’une partie de la reconstruction.