Et le fait que tant de progrès restent à faire prouve bien que l’état d’esprit des gouvernements est trop peu européen, et comme ce sont les gouvernements qui décident (quoi qu’en disent notre eurodéputé socialiste), l’état d’avancement des dossiers importants laisse fortement à désirer. Tous les regards se tournent donc vers le « primus inter pares » qui ne sera autre que notre premier ministre. Bien des lauriers lui ont été attribués à l’avance, et vu sa longue expérience européenne et sa légendaire capacité à trouver les bons compromis l’attente n’est que la conséquence naturelle de sa réputation.
Pacte de stabilité, perspectives financières, processus de Lisbonne – ce sont quelques mots-clés qui cachent des négociations complexes, et qui représentent tout l’enjeu de l’avenir de l’Union à 25. S’y ajoute le problème d’actualité de la coordination de l’aide aux régions sinistrées d’Asie, les politiques à l’égard des réfugiés, le combat contre le terrorisme et tous les autres dossiers concrets, comme la fameuse directive sur la libéralisation des services et Reach, deux dossiers particulièrement sensibles pour les entreprises européennes.
Ne parlons pas de tous les autres domaines où l’attente d’un résultat n’est pas moins grande, comme l’environnement, l’énergie, la culture, les transports, la santé : on pourrait énumérer encore d’autres sujets pour prouver que nous avons besoin de plus d’Europe – d’une Europe efficace, non bureaucratique, au service du citoyen.
La présidence aura un avantage en terme de sympathie bienveillante à l’égard d’un petit pays peu suspect de plaider ses propres intérêts. Restera l’habileté des négociateurs et bien sûr leur volonté d’avancer dans certains dossiers et d’en ralentir certains autres…
L’avenir de l’Union européenne sera lié aux perspectives de son économie. Le constat d’échec, à mi-chemin de son échéance, du processus de Lisbonne qui aurait dû relancer la compétitivité des entreprises, pose la question soit d’un prolongement de la date butoir, soit d’un redoublement des efforts, qui aurait bien sûr une influence directe sur les budgets des Etats-membres.
L’analyse des causes du manque d’innovation prouve que c’est le court terme qui prévaut en politique. Toute initiative qui est censée dépasser une période électorale a peu de chance de trouver le support et l’aval des gouvernants et si les partis politiques se contentent de gérer les problèmes plutôt que d’élaborer des concepts d’avenir, la vieille Europe ne sera pas à même de se mesurer au grouillement d’initiatives et d’investissements sur d’autres continents. Notre présidence devra prouver qu’elle dépasse sa propre frilosité à l’égard du risque au niveau national pour se faire le moteur de l’innovation au niveau européen.
Et le rapport Kok lui vient à propos. Sa proposition d’introduire pour les gouvernements une obligation de résultat avec un classement annuel des progrès accomplis serait déjà une pression pour faire avancer les choses. De même que la recommandation clé sur le vieillissement actif qui propose une stratégie de vieillissement actif à l’instar d’une limite d’âge pour l’exercice de certaines fonctions dirigeantes…