Se pourrait-il que l’Europe « laïque » manque tout particulièrement de cette âme que la société de consommation (à l’américaine, à considérer les Pères Noël qui grimpent sur nos façades) a transformée, pour une fête essentiellement chrétienne comme Noël, en un feu d’artifices de dépenses matérielles ?
Et comment se fait-il que seulement en marge d’autres politiques qui transforment la société européenne, soudainement la culture soit reconnue comme le meilleur moyen pour relancer le dialogue et pour construire la cohésion sociale et la tolérance ?
Cette conférence de Berlin a bien été un pavé dans la mare… Car elle a lieu au moment même où les budgets allemands s’assainissent par la suppression d’orchestres, de théâtres et les réductions opérées sur les initiatives culturelles.
Et l’Europe elle-même a dévoilé ses intentions pour les perspectives financières futures : 408 millions d’euros, à peine le double de ce qu’elle dépense en frais de voyage pour ses députés. En tout et pour tout sept cents par tête d’habitant !
Les grands discours sont, de nouveau, particulièrement opposés à la réalité, et si la culture n’a pas de prix elle a pour autant un coût ! Et là encore les comparaisons entre les pays sont doublement éloquentes !
Piètres discussions
Allez voir en Finlande, championne pour la qualité de son école, meilleure élève pour la performance de son économie : pour cinq millions d’habitants, seize orchestres symphoniques… ce qui équivaudrait à 250 orchestres pour les 80 millions d’Allemands. Qui n’en ont que 140 !
Mais comme dans le domaine de la culture on prêche le mieux aux convertis, les piètres discussions sur la nécessité de telle ou telle infrastructure culturelle ne sont peut-être que la preuve du manque de culture trop apparent chez certains dirigeants politiques.
Car nul n’osera critiquer le nombre de stades, de halls sportifs, ni le coût des cluvs de football, qui chez nos voisins sont parfois de vrais machines à sous.
Tant mieux si le président Barroso tient un autre discours, en ce moment même où le grand projet de la compétitivité de l’économie européenne a besoin de toutes ses forces créatrices. Tant mieux s’il essaie de faire comprendre que l’Europe n’est pas seulement le marché, mais que c’est aussi ses valeurs et ses cultures…