Balkenende démissionnaire.
La fin d’un gouvernement, la fin de la prédominance d’un parti, en l’occurrence celui de J.P.Balkenende, Premier ministre néerlandais? D’aucuns lui avaient jadis attribué une ressemblance à Harry Potter. Son nom entrait en lice pour le poste de Hermann Van Rompuy. En habile négociateur, il avait réussi à former aux Pays Bas un gouvernement entre trois partis. La coalition a survécu 3 ans, jour pour jour. Sous le troisième terme de ce chrétien démocrate la crise n’aurait pas trop secoué les Néerlandais. Depuis belle lurette le pays des Polders étonne par sa ténacité et par sa résistance aux courants les plus divers. Malgré les phénomènes de sa diversité ethnique, religieuse, linguistique , la face cachée des anciens colonisateurs remonte à la surface, donnant l’impression que les grands navigateurs d’antan ont appris à surmonter toutes les crises. Leur esprit de précurseurs, à la société éclatée, laisse parfois pantois. La hantise d’une extrême- droite virulente et populiste prédit déjà que le prochain vainqueur des élections sera Geert Wilders, ancien assistant parlementaire de Fritz Bolkestein, le commissaire européen, auteur de la fameuse directive des services. Wilders et son parti « de la liberté » a le vent en poupe. Il a saisi l’occasion de venger son prédécesseur Pim Fortuyn,ainsi que le cinéast Theo Van Gogh qui, suite à son œuvre cinématographique, avec des versets du Coran sur le corps d’une femme, immigrée et députée à l’époque, émigrée depuis et toujours menacée de mort, a été assassiné. Le Parlement à réélire compte maintenant 11 partis différents, de tendances diverses, partis calvinistes, chrétiens, libéraux, de la liberté et des animaux, entre autres petites formations. Au plus tard depuis le non à la Constitution les partenaires européens et du Benelux observent avec appréhension l’évolution politique chez leur partenaire. Les Pays Bas étaient d’avant garde pour tant de courants sociétaux qu’il y a hésitation entre l’admiration devant tant de tolérance et tant de modernité, et le doute sur la cohésion possible d’une population si diverse. Encore faudrait-il admettre que tous les libéralismes introduits ont fait progresser la société. Avortement, euthanasie, libéralisation des stupéfiants, une société sans tabous a vu le jour, avec même l’essai de fonder un parti politique voulant défendre la pédophilie! Economiquement le pays se porte bien, grâce à l’innovation, la recherche et une étonnante combativité. A y regarder de près les anciens colonisateurs auraient réussi un mode de vie simple et sophistiqué à la fois.
Les tulipes ne sont plus leur seule richesse, l’avance dans les nouvelles techniques de production agricole est considérable. Les universités, les musées , orchestres et artistes y trouvent le terrain fertile de l’insolite. Le tribunal de La Haye a bien contribué à souligner l’esprit de justice et la préoccupation planétaire des 17 Millions d’habitants. Et cependant, si un questionnaire sur l’identité des Néerlandais avait été lancé, quelles auraient été les réponses? Toujours est-il que jusqu’à ce jour une interdiction de minarets n’a pas été à l’ordre du jour…